Je cite ci-dessous une jeune oranaise d'aujourd'hui, Shaima je crois :
"Au XVI siècle, les rois d'Espagne enfermaient leurs courtisans indésirables dans les forteresses qu'ils possédaient sur les côtes d'Afrique du Nord.
La forteresse d'Oran était sur l'avancée de la rade de Mers-El- Kébir.
De nombreux singes (monos) habitaient ce rocher qui fût appelé Fort Lamoune. Une fois par an, lorsque les prisonniers étaient autorisés à recevoir leur famille, pour Pâques, elles leur faisaient passer à travers les barreaux, des brioches parfumées, et depuis ce gâteau se nomme La Mouna.
Des familles exilées d'Espagne s'étaient installées à Oran dans le quartier de La Blanca.
La mouna est originaire d'Andalousie, et il semblerai qu'elle soit le mélange de plusieures cultures, juive, nord africaine, espagnole andalouse et maghrébine.
Cette délicieuse brioche se consomme traditionnellement à Pâques chez les pieds-noirs. Ils enfouissent parfois pour cette occasion un oeuf dur à l'intérieur.
Aujourd'hui, les algériens de l'Ouest préparent toujours cette delicieuse brioche."
Jadis dans les familles pied-noirs. comme les fours individuels n'existaient pas dans les maisons, pour être à temps dans le créneau prévu par le boulanger, c'était un véritable plan de bataille qu'il fallait mettre au point ... Se procurer les tôles, prévoir un renfort de pétrisseurs, calculer le temps de repos de la pâte, se rendre au four du boulanger - tôles voilées de torchons - ... sans se casser la f...
Des mois plus tard on en sera encore à tremper la mouna dans le café au lait, car quoiqu'on dise, elle finissait par durcir ...
Quant au fort Lamoune, je suis passé quelquefois devant en allant pêcher sur la grande digue du port ... Après avoir descendu l'interminable rampe Valès, le cagnarone sur l'épaule et le sarnatcho à la main, j'arrivais en ce site où la baie d'Oran se termine à l'Est et commence celle de Mers el Kébir... En ce point où nos pères découpèrent la montagne pour faire passer la route,
où ils rattachèrent la grande digue qui ferait d'Oran un port ...
La vue est prise depuis l'Aïdour, plus précisément depuis le fort St Grégoire à mi-distance d'avec le fort de Santa Cruz ... Ce qu'on appelait le "sentier de la mort" passait quelque part sur cette pente ... Plutôt que de l'utiliser, mes arrières grands parents préféraient relier par barque Kébir à Oran ...Depuis le sentier les pillards dépités leur adressaient quelques coups de fusil ...
... d'encore plus haut
... depuis la mer ...