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7 décembre 2013 6 07 /12 /décembre /2013 18:00

 

 

 

 Les "bouffétas" de Pépico

 

 

 

J'ai dit plusieurs fois déjà l'émerveillement que me procurait la vue des grosses mains de mon oncle se livrant à des travaux minutieux.
    Un jour elles allaient me révéler des aptitudes bien différentes.

    Le soleil venait de passer l'écran de la falaise et les premiers souffles de relative fraîcheur réveillaient des ardeurs jusque là contenues.
A côté Hélène, la mère de José qui craignait beaucoup le soleil, s'enhardissait à venir travailler dans son jardin de devant, un espace de trois mètres de fleurs en bordure du sentier. Dans ces moments là, elle tenait non loin d'elle une gargoulette d'eau; qu'elle avait mis à l'ombre d'une touffe d'anthémis à l'intérieur de la modeste barrière rose qui délimitait sa propriété ... Elle continuait de porter son grand chapeau mexicain.
    Tarambana devait être quelque part dans la falaise ...
    Retour de pêche, Pépico avait appuyé ses cannes sur la barrière des Villanova et  penché, la tête disparue dans les feuilles du figuier, je l'entendais vanter les mérites de l'A.S.Eckmuhl, l'équipe de football du quartier à son voisin.
    Je m'étais remise à mes devoirs de vacances et déjà je m'apprêtais à appeler Bésugo à mon secours.

    Un brouhaha commença de se faire entendre en provenance de la partie ascendante du sentier.
    Il s'agissait de trois grands gaillards mal rasés et dépenaillés qui, à voir les bouteilles vides émergeant de leurs musettes, avaient lutté à leur façon contre les ardeurs du soleil ... Ils se hurlaient des histoires qui les faisaient rire à qui plus est.

    Arrivés à la hauteur de la barrière des Ascencio, l'un d'eux se pencha vivement, saisit la gargoulette et commença de se désaltérer.

   L'homme regarda Hélène puis impudemment la défia:
- Hola Senorita ! Donne-moi un baiser et je te la rends!
    Certes la mère de José faisait jeune mais fallait-il que cet abruti soit saoul pour lui manquer à ce point le respect...
    Tarambana , survenu entre-temps s'emporta comme je ne l'avais vu, avec des mots qui ne lui étaient pas habituels ... Je répugne à les écrire ici.

    Pépico avait posé ses cannes contre la barrière des Villanova et, sorte de grosse boule silencieuse montée sur roulement à bille, il se trouvait maintenant à moins d'un mètre de l'insulteur, immobile et le regardant calmement dans les yeux.
     L'autre eut un sourire méprisant en voyant cet adversaire et voulut de la main gauche repousser l'épaule droite de mon oncle... On vit ou plutôt on ne vit pas d'où venait le coup, ce qu'on vit seulement c'est l'insulteur décrire une orbe et se retrouver au sol, bras et jambes écartés et complètement "tchaffé".

 
    Rappelez-vous mon oncle, le bombardier de la Calère, un redoutable boxeur poids lourd dans le passé; son coup le plus fameux était la boufféta du gauche, un coup qui partait de très bas pour aller percuter la mâchoire de l'adversaire ...            
    Comme quoi ses réflexes ne s'étaient pas émoussés.

    Les collègues du calmé lui avait soulevé la tête, lui tapotaient les joues mais, le regard absent, il semblait totalement "bovo". Alors les deux lascars commencèrent à se redresser, à faire face à Pépico auprès duquel s'étaient regroupés, maigre piétaille, José, M.Villanova, Besougo et moi.
    A ce moment, venant du sentier ascendant, on entendit:
- Ja.Ja.Ja...J'rive !
    
    Quand les deux autres virent cette montagne de Hiacynthe venir se ranger à coté de Pépico, ils soulevèrent leur comparse et le traînèrent par le sentier descendant.

    Sans dire un mot chacun retourna chez soi; étonnant peut-être pour des pieds noirs mais il fallait oublier l'insulte faîte à Hélène.



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